Le qualificatif de paresseux est plus souvent appliqué aux garçons qu'aux filles. Est-ce le bon qualificatif?
On peut penser que non car il relève davantage d'un jugement moral que d'une réalité psychologique. Une personne jugée paresseuse ne l'est plus quand elle est motivée et peut même se révéler passionnée au travail.
Plutôt que de traiter un enfant ou un adolescent de" paresseux" il vaut mieux lui demander d'où vient son manque de motivation pour travailler; lui coller une étiquette favorise l'identification à l'image qu'on lui renvoie surtout à cet âge.
Pourquoi un adolescent semble-t-il manquer totalement de motivation pour travailler? Même si sa désinvolture apparente pourrait le laisser croire ce n'est jamais un signe de bien-être et d'épanouissement, mais un signe de manque de confiance en soi dont les raisons sont complexes et variables. Elles peuvent être aussi bien liées à la peur de l'adolescent de décevoir, à un manque de confiance dans ses capacités à répondre à ce qu'on lui demande, qu'à la peur de s'affirmer et de montrer son envie de prendre la première place voire d'écraser les autres de sa supériorité.
Car en réalité les sentiments d'infériorité et de supériorité ne sont que les deux faces de l'envie d'occuper une place unique, d'être au centre de l'attention.
Mais si la réussite est aléatoire, dépend de l'opinion des autres et n'est jamais acquise, l'échec, surtout quand on en est soi-même responsable, est toujours sûr et entièrement maîtrisé. C’est-à-dire que l'adolescent peut penser inconsciemment:" si je travaille et que je n'ai pas les résultats escomptés, on va penser, et moi le premier que je ne suis pas aussi capable que je l'espérais. Si je ne travaillais, ... je réussirais..."
La paresse apparente protège de la déception d'un échec possible, surtout quand l'idéal de réussite est très élevé -peut être trop- , qu'il apparaît hors de portée et provoque un sentiment d'infériorité. Un sentiment d'infériorité est toujours relatif et se nourrit d'exigences excessives et de désirs de grandeur.
Les idéaux familiaux tiennent une place importante dans la façon dont le jeune conçoit sa réussite. Il se positionnera différemment selon celle des membres de la famille d'une façon souvent imprévisible selon les circonstances.
Tel adolescent se sentira soutenu et même tiré par le haut par la réussite de ses parents, frère et soeurs, tandis que tel autre se sentira en concurrence et choisira inconsciemment de prendre le parti du dilettantisme. Selon son sexe, la rivalité jouera différemment entre un enfant et ses parents, un père brillant et une mère en retrait peuvent tout aussi bien servir de modèle ou de contre-modèle aux enfants du même sexe, la fille peut vouloir ressembler à son père ou se l'interdire par une loyauté inconsciente avec sa mère...
Une des situation type de l'adolescent en échec scolaire est celle du garçon ayant vécu jusqu'alors porté par l'admiration et l'attention soutenues de sa mère. Avec la puberté, il se sent obligé de prendre de la distance, gêné par cette proximité affective et physique, désireux de s'affirmer par lui-même. Mais cette distance et la relative solitude qu'elle implique, le fait que personne ne puisse vraiment remplacer cette mère et son regard admiratif, contribuent à déprimer le jeune homme. Seul il a du mal à travailler et se concentrer. Il s'évade dans ses rêveries, va rechercher des appuis divers: télévision, ordinateur, téléphone, musique et autres passe-temps; la chute des résultats scolaires n'arrange rien: il se déçoit et pense décevoir ses parents. Il va chercher la compréhension qu'il ne pense pas trouver chez lui auprès d'amis qui lui ressemblent, ayant le sentiment d'être accepté par eux pour lui-même, quoi qu’il arrive, comme autrefois avec sa mère. Parfois cette recherche d'un réconfort mutuel dérive progressivement, les ados s'entraînant les uns les autres à consommer hashish ou alcool. L'échec se confirme les mauvais résultats barrent la route de ses ambitions, alors autant être grand dans l'échec, à défaut de l'être dans la réussite.
Sa mère ou son père veulent l'aider, le faire travailler ce qui ne fait qu'empirer la situation et transforme la vie familiale en conflits incessants.
Tout plaisir partagé l'exaspère comme si ses parents ne pouvaient l'aimer qu'en fonction des satisfactions scolaires qu'il peut leur procurer; et si ceux-ci essaient de cacher leur déception et se montrent compréhensifs le jeune se sent inguérissable et il a envie de les décevoir et de les provoquer.
On peut souvent constater que si les parents acceptent de mettre une distance entre eux et leur adolescent avant que la situation d'échec ne soit définitive, elle est susceptible de s'inverser. Un séjour en pensionnat par exemple peut mettre l'adolescent hors du regard parental, il sent que sa vie lui appartient. Rassuré il pourra nouer avec ses parents des liens positifs et d'autant mieux apprécier leur présence qu'il les verra moins souvent.
Le résultat d'un tel éloignement n'est bien entendu jamais acquis d'avance et dépend en grande partie de la qualité des rencontres qu'il fera. Néanmoins une mise à distance paraît susceptible d'avoir des effets positifs. Les plus difficiles à convaincre restent souvent les parents qui se sentent coupables et qui vivent l'éloignement comme un abandon. C'est à eux de comprendre que leur plus grande réussite est de faire en sorte que l'adolescent puisse faire preuve d'autonomie et sache se prendre en charge.
Bonjour,
Journaliste pour l’émission « 100% Mag » diffusée sur M6, je prépare actuellement un reportage sur les difficultés parents/enfants liées aux notes. Dans le cadre de ce sujet, je suis à la recherche de différents témoignages :
- Si votre enfant vous cache ses notes ou signe à votre place
- Si vous avez êtes exigent avec vos enfants en ce qui concerne les notes
- Si pour vous les notes comptent moins que les appréciations
- Si vous avez mis en place un rituel autour des notes
N’hésitez pas à me contacter : Cynthia Hermosa - [email protected]
Merci par avance.
Rédigé par : Cynthia Hermosa | 22 septembre 2011 à 19:02