http://cdelussac.fr/
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Rédigé à 14:43 dans Accueil, pour les ados, Pour les parents | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
La place du travail du soir dans la scolarité des petits français provoque toujours des débats passionnés : trop de travail pour des jeunes fatigués par les rythmes scolaires, disent certains parents, ou bien travail évident pour d’autres « de mon temps on faisait notre boulot sans rouspéter ». Le débat est infini et comme toujours n’offre pas de solution unique.
Le fait est qu’il y a du travail le soir, à la maison et que le jeune doit y faire face. Ceux qui d’ailleurs ont eu des facilités dans les années collège, et ont traversé ces années « sans rien faire » sont le plus souvent complètement déroutés devant le travail du lycée et peuvent perdre pied.
Alors comment se positionner en tant que parent ? Comment trouver le juste équilibre entre le désir légitime d’intervenir, et le besoin évident à cet âge d’apprendre l’autonomie :
De nos jours les parents occupent une place (très ou trop ?) importante dans la vie de leur adolescent, et les adolescents eux mêmes attendent à leur insu tout de leurs parents. La famille est le lieu qui doit combler tous les besoins… quelle erreur !
Il ne faut pas perdre de vue que si pour le parent, le seul enjeu du moment est la réussite scolaire, pour l’adolescent, bien d’autres préoccupations sont à l’ordre du jour: croissance, poids modification physique et affective, intégration dans le groupe, sexualité..
Il convient donc d’adopter des stratégies qui permettront de garder le contrôle sur la scolarité tout en permettant à l’adolescent de s’autonomiser.
Aider un jeune à s’organiser, veiller à ce que le travail soit fait, s’intéresser avec lui, au contenu des différentes matières est fondamental de la part des parents ; mais les attitudes qu’ils adoptent sont souvent à l’opposé de celles qu’ils devraient avoir. Il est vrai que la passivité du jeune jointe à des résultats en dents de scie ne peuvent qu’agacer et poussent les parents à intervenir toujours plus pour le stimuler. Une telle attitude est inappropriée et risque d’aboutir à l’effet inverse, surtout si cela s’accompagne d’une surveillance étroite du cahier de textes, des notes au jour le jour, du cartable…. L’adulte ne doit plus, à cet âge donner tous les modèles de fonctionnement ni décider à sa place, comme dans l’enfance, mais lui apprendre à gérer ses investissements comme par exemple évaluer le temps nécessaire pour tel travail, lui faire prendre conscience si il nécessite une aide ponctuelle dans telle matière, savoir gérer par lui même son rythme de travail pour un résultat réaliste de la note qu’il souhaite obtenir.
Faire travailler son adolescent, à partir de la classe de 4eme particulièrement, risque de déclencher un cercle vicieux incontrôlable. Cela ne peut que renforcer la dépendance au parent avec le sentiment éternel d’être inapte seul. Le jeune pourra donc être malgré lui, obligé d’affirmer sa différence par une plus ou moins subtile mise en échec des efforts parentaux, soit en cherchant la confrontation et en se butant soit en évitant tout conflit apparent et en glissant dans une « passivité active » qui le fait stagner.
Tout le monde finit par s’énerver, le jeune ne développe pas la confiance en lui ni la maîtrise des ses œuvres ou compétences et attend… cela provoque ce que l’on peut appeler l’inhibition de la pensée. Pendant ce temps le parent, qui lui aura beaucoup travaillé et se sera beaucoup investi, s’exaspèrera…
Mettre un tiers dans le travail scolaire (étude, camarade, autre personne) est bien sur une bonne solution car le tiers n’est pas impliqué affectivement.
Je remarque bien souvent lors des consultations, des parents qui font intervenir un tiers que lorsque la situation est déjà considérablement dégradée et que le lien anxieux et ou d’opposition est déjà installé.
Rédigé à 12:50 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
L'adolescence est une période révélatrice de la nature et de la qualité de l'autorité parentale.
Bien qu'actuellement souvent mise à mal, l'autorité parentale constitue à s'imposer naturellement chez le petit enfant, en raison de son immaturité physique, avec la différence de taille et de force qu'elle implique. Mais ce n'est pas le cas chez l'adolescent. La précocité de la puberté, l'augmentation moyenne de la taille des adolescents et la libération des mœurs, confèrent à la contestation normale de l'adolescence une ampleur inégalée qui soumet à rude épreuve l'autorité parentale.
Et pourtant, pour la majorité des jeunes et des parents, la référence à l'autorité parentale ne pose pas de problème, même si elle ne s'exprime pas de la même façon que dans le passé. Il a fallu s'adapter, mais 5 adolescents sur 6 se disent satisfaits ou très satisfaits de leurs parents.
Néanmoins on retrouve toujours entre 10 et 20% d'adolescents dits "à problèmes" pour lesquels se dessine une "crise de l'autorité" qui se traduira par des manifestations d'incivilité et chez certains par ce qui semble être une absence totale de référence à une quelconque autorité.
L'autorité est-elle nécessaire? Comment la gérer? Quelle est sa place dans une société aux mœurs plus libres et en évolution.
Quelques principes peuvent servir de guide, en ce fait qu'il existe toujours une autorité de fait, liée à une dépendance physique et psychologique du petit enfant à l’égard de ses parents. Qu'ils le veulent ou non, ceux-ci ont un pouvoir total sur lui, dont celui de lui donner un langage et les mots qu'il utilisera pour qualifier ses émotions et ses sentiments, ses ressentiments, pour nommer et donc représenter les liens qu'il noue avec eux. Les parents disent et organisent le permis et l'interdit, et servent de modèle à l'enfant. Le besoin de leur amour et de leur attention crée chez l'enfant une dépendance affective inévitable et souhaitable qui met les parents en position d'autorité.
A tout âge, et au moins jusqu'a la fin de l'adolescence, la différence de génération, par ce que fait, dit et montre l'adulte, a des répercussions sur le jeune. La différence d'âge positionne l'adulte dans un rôle éducatif qui contribue à organiser la personnalité en formation de l'enfant et de l'adolescent. Aucun adulte ne peut échapper à cet impact éducatif, cette relation d'autorité s'impose par elle même. En ne voulant pas exercer d'autorité, l'adulte ne donnera pas plus de liberté à l'enfant, il l'abandonnera juste à lui même!
Si les adultes ne peuvent donc pas échapper à leur rôle éducatif, deux questions se posent: quel est le but de l'éducation, et quelle place y tient la relation d'autorité?
En premier lieu l'éducation c'est de permettre à l'enfant de devenir autonome et de ne plus dépendre de l'autorité de l'adulte. L'expérience de laisser l'enfant très libre en ne lui posant pas de limite, ne donne pas des résultats très concluants; ne pas exercer d'autorité c'est abandonner! Abandonner l'enfant à la tyrannie de ses besoins immédiats et de ses contradictions, sans référence extérieure pour les réguler, les projeter dans l'avenir et leur donner du sens. L'essentiel de la liberté d'un individu dépend de sa capacité d'attendre. Or l'attente est un apprentissage qui résulte à la fois des capacités propres à l'enfant et de sa prise en compte progressive des limites que les adultes lui imposent pour le protéger, mais aussi pour l'insérer dans le groupe social. En acceptant ces limites et interdits, l'enfant s'assure en retour de sa valeur par l'amour et l'estime que les adultes éprouvent à son égard. La capacité d'attendre repose non pas sur le refus de la satisfaction immédiate, mais sur la possibilité de la différer en vue d'un plus grand bien: l'approbation des adultes dans un premier temps et puis dans un second temps la conscience progressive de ses ressources propres et de ses moyens de contrôle. L'enfant se perçoit ainsi comme plus libre tant par rapport à ses propres besoins que par rapport aux réactions de son environnement.
Si l'adulte est trop laxiste l'enfant est prisonnier de ses contradictions internes, sans autre valorisation structurante que la quête répétée, et insatiable de satisfactions passagères auxquelles il risque d'être condamné.
Le fait que l'échange entre l'enfant et ses parents fonctionne de façon satisfaisante repose sur une condition essentielle: la confiance.
C'est parce que l'enfant fait profondément confiance à l'adulte qu'il accepte les sacrifices immédiats qui lui sont demandés sans trop de frustration et avec un bénéfice secondaire important: être aimable aux yeux d’une personne, elle même aimable et valable pour lui, qui lui autorise l’acquisition du sentiment de sa propre valeur.
Ce sentiment lui permettra par la suite de s'opposer à l'occasion et de se différencier sans craindre de perdre l'amour de ses parents pour autant.
Exercer une autorité ne consiste pas à soumettre l'enfant à la volonté de l'adulte. C'est plutôt savoir poser des limites claires aux satisfactions immédiates, non pas en fonction des seuls besoins de l'adulte, mais au nom de cette référence tierce que sont les conditions d'un développement optimal de l'enfant.
Au contraire de l'autoritarisme, le but de l'autorité nest pas de le contraindre mais de l'aider à s'épanouir et à trouver une place dans les limites transmises par les adultes dans une relation de confiance qui lui permette de les adopter. Cette confiance permet à l'adolescent de mettre à l'épreuve ces limites sans avoir peur de perdre sa valeur aux yeux de son entourage.
Or la confiance comme l'aprentissage des limites et de la capacité d'attendre ne commencent pas à l'adolescence. C'est en cela que celle ci est révélatrice de ce qui s'est construit pendant l'enfance.
(cf Jeammet)
Rédigé à 14:11 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: adolescent, autorité, confiance, crise, limite, tolérance à la frustration, éduquer
Les jeunes viennent en consultation pour diverses raisons: troubles et difficultés sur la scolarité, difficultés de vie et de comportements, le stress et la confiance en eux;
Lors de la première rencontre, il apparait comme de plus en plus bénéfique de faire participer les parents à la consultation. Il semble évident que les difficultés d'un jeune ont un retentissement fort sur la famille: les parents en premier lieu et la fratrie sont concernés, soit directement par les soucis d'un enfant, d’un frère ou sœur, qui ne va pas bien: l'ambiance familiale se détériore, des colères et des rancœurs contre "le coupable" apparaissent; soit indirectement à l'intérieur de la fratrie, les autres enfants, inquiets, peuvent inconsciemment décider de "réparer" les souffrances ressenties par leurs parents. Ces frères ou sœurs, (souvent le cadet) peuvent se donner comme consigne intérieure: -" soit parfait les parents en ont assez vu comme cela"!
On note donc qu'en plus des soucis scolaires ou de comportements, la famille est aux prises avec une communication qui se détériore.
Lors de la première consultation avec le jeune, la présence des parents permet au thérapeute de rééquilibrer immédiatement le registre de communication dans la famille. Si le jeune est bien sûr, le plus souvent, responsable de son comportement, il n'est que co-responsable du registre de communication qui s'est mis en place. L'attitude et le registre de communication des parents étant extrêmement importants, il est possible d'aider l'ensemble des protagonistes à adopter une attitude bénéfique, qui permette au jeune de faire évoluer son comportement en étant accompagné de parents qui eux aussi acceptent de changer d'attitude face à lui.
Dans ce contexte le jeune ne se sentira pas le "seul " à devoir bouger, les responsabilités seront partagées, et il acceptera d'autant plus vite une évolution qu'elle sera aussi demandée à ses parents.
Je ne peux que préconiser des consultations familiales dans ce contexte.
Rédigé à 14:08 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
(Par HEFEZ SergeSerge HEFEZ psychiatre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Dernier ouvrage paru: la Danse du couple, avec D. Laufer, Hachette Littératures, 2002. A paraître, Quand la famille s'emmêle, Hachette Littératures, octobre 2004.)
Pour ceux qui doutent des transformations de la famille, voici quelques situations tirées d'une journée de consultation de thérapie familiale : pour le premier rendez-vous, sept adultes et deux enfants, viennent ensemble parler de leurs difficultés. Lucas, 8 ans, est le fils d'Anne et Laurent. Damien, 8 ans également, celui de Gérard et Isabelle. Anne et Gérard vivent ensemble avec les deux garçons depuis leur récent divorce, survenu après la naissance de chacun des enfants. Laurent vit actuellement avec Brigitte, et Isabelle avec Charles. Ces deux couples reçoivent Lucas pour l'un, Damien pour l'autre les vacances et les week-ends. La mère d'Anne, grand-mère de Lucas, est très investie dans la vie familiale car elle s'occupe tous les jours des garçons en fin d'après-midi.
Cette situation familiale est aujourd'hui banale. Ce qui l'est moins est que, lorsque Lucas a développé des troubles obsessionnels compulsifs et que la directrice de son école a suggéré à sa mère d'entamer une thérapie familiale, tous les adultes se sont mobilisés. Sept adultes en interaction autour de cet enfant, unis par des liens ambivalents emprunts de confiance, d'affection, de respect, mais aussi de rivalités, de conflits, de ressentiments...
Pour le deuxième entretien se présentent Valérie, Cathy et leurs deux enfants, Louis et Sarah. Louis, 11 ans et demi, est le fils biologique de Valérie, né d'une insémination artificielle avec donneur anonyme, pratiquée en Belgique ; Sarah est une petite fille de 8 ans d'origine cambodgienne adoptée par Cathy à l'âge de trois mois. Valérie et Cathy sont tombées amoureuses il y a sept ans et, depuis, vivent ensemble avec leurs deux enfants. La famille consulte à la demande de l'école. Louis devient violent, batailleur, insolent. Ses résultats scolaires sont en chute libre. Sa mère s'étonne : à la maison il est parfait avec «maman» et «maman Cathy», merveilleux grand frère avec Sarah.
La troisième séance est consacrée à Nicole, mère dépressive de 45 ans qui vit seule avec son fils Julien, adolescent de 15 ans qui s'enfonce dans une dépendance tout à fait alarmante au cannabis.
Leur succèdent Edouard et Virginie, parents on ne peut plus traditionnels de deux adolescents, Diane et Alexandre. Vingt kilos perdus en trois mois, Diane développe une anorexie qui paralyse toute la famille.
La famille a changé, mais ces modifications de forme n'expliquent en rien la «crise» que beaucoup de familles traversent, car les difficultés rencontrées se retrouvent à la même échelle dans toutes les morphologies familiales, y compris au sein de la plus banale «famille Ricoré», nantie de deux parents biologiques, d'un monospace, d'un labrador et de trois enfants blonds et rieurs.
S'il existe bel et bien une «crise» de la famille en relation à une crise des repères, de la transmission, des identités, si la famille s'est transformée en profondeur, si elle s'inscrit dans de nouveaux idéaux de bonheur, de libre choix et de démocratie, une évidence s'impose dans notre activité de consultation, un constat éminemment paradoxal.
En se libérant de ses obligations et de ses attaches, la famille tisse des liens de plus en plus intriqués, enchevêtrés, fusionnels. Les processus de séparation, au lieu de se trouver facilités, prennent une dimension tragique. En témoigne l'émergence spectaculaire des pathologies de l'adolescence liées à des difficultés d'autonomisation : phobies scolaires, troubles des conduites alimentaires, dépendances aux drogues, à l'alcool. Sans parler de la banalisation de la violence des relations adultes/enfants qui traduit la même dynamique fusionnelle. Dans toutes ces familles, les personnes présentes expriment avant tout ces difficultés de séparation : trop collées les unes aux autres, trop dépendantes affectivement, mais à la fois dans une quête désespérée d'autonomie et d'indépendance chères aux nouvelles valeurs de la société.
Que la famille soit recomposée, monoparentale, homoparentale ou traditionnelle, ce collage ne se justifie aucunement par la confusion des genres entre les hommes et les femmes, par la «maternisation» de la société, ou par la sacro-sainte perte de l'autorité paternelle. Il est un peu court d'accuser les mères devenues toutes-puissantes d'étouffer leurs petits, les pères de s'effacer à force de materner ou la reconnaissance de l'homosexualité de brouiller les repères de la transmission.
Cette dérive fusionnelle marque une période de transition. Elle touche autant les hommes que les femmes ; elle n'a rien à voir avec un choix sexuel. Elle accompagne irrémédiablement le repli de la famille sur elle-même. Tout se joue de nos jours dans la discontinuité entre la famille et la société, au moment où la famille apparaît davantage préoccupée à se protéger des contraintes collectives.
Comme le souligne très justement le démographe Louis Roussel, les valeurs globales de la société circulaient autrefois dans la famille, y trouvaient un relais naturel ; la collectivité réglait les échanges privés ; la structure du groupe familial reproduisait celle de l'Etat et la finalité de la famille était la survie de la société. Aujourd'hui, la finalité de la famille est le bonheur de ses membres et chacun refuse tout contrôle de la société sur la formation et sur la pérennité d'un couple ou d'une famille. Dans cette libération des contraintes institutionnelles, les familles ne sont plus régies par des lois extérieures mais par la paradoxale obligation d'aimer et par l'injonction féroce à être libres et heureuses.
Nos consultations se multiplient au moment même où disparaissent les évidences collectives. On nous demande de remédier aux incertitudes qui, dans le domaine familial, naissent du remplacement de l'institution par le désir. Nous revient-il de donner du sens là où la société a renoncé à en procurer ? La logique du coeur et des passions peut-elle à elle seule garantir un projet familial ? Face à ce surinvestissement affectif, un cercle vicieux se met en place : plus la famille se sent menacée, anxieuse, plus cela va renforcer la fusion des émotions et des perceptions, accroître la cohésion, renforcer la fusion, etc. Autrement dit, la fusion provient d'une souffrance mais provoque elle-même une souffrance. Chacun se sent envahi par l'autre et va à son tour traquer l'intimité de l'autre en transgressant les limites et les territoires. Chacun pense, sent, souffre à la place de l'autre. Les distances interpersonnelles se réduisent, les frontières se brouillent. L'intensité du sentiment d'appartenance va à l'encontre des possibilités d'autonomie.
Plus les frontières entre soi et l'autre sont mal établies, poreuses, perméables, plus les forces de cohésion pour maintenir le groupe sont grandes et empêchent les individus de se mettre à distance les uns des autres. S'ensuit une fusion, une indifférenciation, un collage des émotions, des perceptions, des pensées des uns et des autres.
La perte des attaches collectives a accentué le repli des familles sur elles-mêmes et rigidifié leurs frontières. Dans ces familles fragilisées, l'individuation n'est pas ressentie comme la possibilité de s'affilier à d'autres groupes et de se relier à d'autres projets, mais plutôt comme une menace de rupture, de séparation définitive, d'abandon.
Cette dérive fusionnelle ne touche évidemment pas toutes les familles. Elle menace par ailleurs tout autant, on l'aura compris, les familles traditionnelles que les nouvelles organisations familiales. Plus personne n'a envie de revenir à un modèle antérieur de famille dans lequel l'interdiction du divorce, la non-reconnaissance des enfants nés hors mariage, la séparation rigoureuse des rôles des hommes et des femmes, la diabolisation de la sexualité dessinaient des trajectoires immuables peu compatibles avec les aspirations contemporaines.
Lorsque nous recevons des familles en thérapie familiale, notre travail ne consiste pas à donner des conseils, à corriger des erreurs, à promulguer des recettes de bonne conduite pour normaliser les familles. Nous ne cherchons pas non plus à désigner, dans la famille, qui sont les responsables et les coupables de la souffrance actuelle. Nous tentons de resituer les symptômes de l'enfant ou de l'adolescent dans une logique qui le dépasse et qui déborde également la famille. Cette logique appartient à une histoire et à des liens dont chacun ne détient qu'une partie. L'adolescent doit en quelque sorte être dépossédé de son symptôme, afin que ce symptôme trouve une logique dans une dynamique plus large qui est celle de la famille.
Si ce symptôme est né dans ce groupe familial, ce groupe peut, peut-être, lui-même le résoudre. Il ne s'agit pas de stigmatiser une famille, d'accuser les parents d'être trop intrusifs ou distants, mais de retrouver, avec la famille, les possibilités d'une compétence perdue. Elle doit pouvoir contenir les angoisses ou les difficultés exprimées par l'enfant ou l'adolescent. Nous partons du principe que les symptômes mis en acte ont une signification, qu'ils s'adressent à la famille, qu'ils trouvent un sens global dans une économie familiale souvent malmenée dans son contexte social.
La famille est considérée comme un système de liens, dans lequel existe, pour chacun, une tension entre la possibilité d'accéder à une certaine autonomie psychique, de développer une personnalité et la nécessité de faire survivre le groupe, de maintenir cet ensemble de relations pour que la famille continue d'exister. Il nous revient alors d'aider toutes les familles, quelle que soit leur composition, à dessiner de nouvelles formes de liens familiaux qui s'intègrent dans ce que François de Singly nomme un nouvel idéal de lien social, «un lien qui sache unir sans trop serrer».
Aucune famille ne bénéficie plus d'un quelconque naturalisme. Les rôles des hommes et des femmes, des pères et des mères sont en perpétuelle négociation. Toute famille nous confronte aujourd'hui à ce questionnement universel qui est à inventer en permanence : qu'est-ce qu'une famille ? Comment une famille fait-elle son travail de famille ?
Rédigé à 16:45 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Dans un récent sondage de la Sofres, 85% des adolescents se disent bien dans leur peau. La plupart des très nombreux ouvrages qui sortent chaque année sur la puberté présentent pourtant cette période comme un chemin de croix. Pourquoi un tel décalage?
De nos jours, tout le monde se dit «en souffrance» pour tout et n'importe quoi. Je crains que l'utilisation abusive de ce terme n'ait un effet délétère, en parant la douleur d'un halo romantique. L'adolescence n'est pas obligatoirement violente ou douloureuse. Dans leur grande majorité, les jeunes vont même mieux qu'avant, car la société leur offre plus de possibilités d'expression, plus de chances de réussite, plus de moyens d'emmagasiner des connaissances. Mais ces facilités rendent plus scandaleux le fait que 15% des jeunes aillent mal. D'autant que ces adolescents expriment leurs difficultés de façon plus spectaculaire que naguère: les troubles du comportement, comme la toxicomanie, la délinquance, les dérèglements alimentaires ou les scarifications, sont en augmentation, ou du moins plus visibles et mieux repérés.
Comment expliquez-vous cela?
Les jeunes, à l'instar des adultes, parlent plus facilement de leurs problèmes. Lorsque l'hebdomadaire Elle a publié le premier article sur la boulimie, il y a vingt ans, la rédaction a reçu 3 000 lettres dans la semaine! Derrière ces maux se cache l'angoisse de la performance. Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'être conforme aux normes, mais d'aller toujours plus loin. De nombreux adolescents ressentent cette pression au travers de leurs parents. Les adultes sont pris dans une contradiction: d'un côté, ils estiment que la réussite passe par l'acquisition d'un maximum de savoirs et de biens matériels; de l'autre, ils pensent que rien ne sert de se battre, puisque le chômage les menace. Ils en arrivent à être trop tolérants face au manque de travail ou à ne pas assez s'inquiéter de l'absence de motivation de leurs enfants, qu'au fond ils comprennent trop bien! Malheureusement, ce type de comportement n'a pas du tout les mêmes conséquences chez un adulte, qui a déjà fait la preuve de ses capacités, et chez un adolescent, qui a encore tout à prouver. Certains adolescents ressentent l'intensité de leurs envies comme une menace pour leurs parents et retournent cette force contre eux en se sabotant.
Terrible renversement! Comment analysez-vous cette phase si paradoxale de l'adolescence?
C'est l'âge de la vie au cours duquel l'être humain doit s'émanciper pour aller vers le monde adulte tout en ayant encore besoin de la protection dont il jouissait dans l'enfance. L'adolescent redoute de se confronter au monde des adultes, mais, comme l'idée de se cramponner aux parents lui est tout aussi insupportable parce qu'elle affaiblit son autonomie naissante, il se rend désagréable en s'opposant ou, au contraire, en restant collé à ses parents. L'adolescent qui va mal ressemble au Corse de la blague, qui dit à son copain: «Tu as regardé ma soeur, qu'est-ce que tu lui veux?», avant d'ajouter aussitôt: «Quoi, tu l'as pas regardée? Tu ne la trouves pas belle, peut-être?»
Les ados les plus révoltés sont donc aussi ceux qui sont les plus dépendants des adultes?
Absolument! Plus l'adolescent a peur, plus il est tenté de faire peur pour dissimuler son anxiété. Ce n'est pas tant l'amour que l'inquiétude qui dicte sa dépendance, inquiétude accentuée par toutes les questions que le jeune se pose sur son corps. Parfois, l'adolescent a trop besoin des autres, et ce «trop» est très lourd à digérer. Si une anorexique ne mange pas, ce n'est pas parce qu'elle veut mourir, mais parce qu'elle a peur de ne plus pouvoir s'arrêter si elle se met à manger. En arrière-fond, on trouve deux angoisses humaines fondamentales: l'angoisse d'abandon et l'angoisse de fusion ou d'intrusion: «On s'occupe de moi, donc on m'envahit, on met au jour tous mes défauts.» Lorsque les ados lancent à leurs parents: «Tu me prends la tête», ils ne voient pas que c'est l'intensité de leur attente qui les rend si réactifs. Ils tentent de résoudre la contradiction qui les habite en broyant du noir, en présentant leurs échecs comme un choix personnel, alors que c'est la peur qui dicte leur comportement: la peur d'être débordé par leurs envies, de ne pas être à la hauteur de ce qu'ils imaginent que les autres exigent d'eux. Au fil du temps, ils risquent de se construire une identité et une différence dans le malheur plutôt que dans le plaisir, et d'utiliser la stratégie du refus comme une drogue: «Plus je refuse, plus je me sens fort, et donc plus j'existe et plus j'ai de pouvoir sur les autres.» L'engrenage dure parfois des années.
Comment les parents peuvent-ils mettre fin à cette spirale?
D'abord, en prenant conscience des inévitables contradictions de l'adolescence, et en cessant de s'en vouloir de ne pas être les parents qu'ils rêvaient d'être! Ensuite, en posant des limites et en disant à l'adolescent: «Nous ne pouvons pas accepter que tu gâches ainsi tes potentialités, quelles que soient tes difficultés, parce que ce que tu t'infliges est trop injuste.» Il y a des choses qu'on ne doit pas tolérer: le manque de travail, l'agressivité? Le meilleur encouragement, c'est le plaisir des parents à faire ce qu'ils font et leur intérêt pour la vie et le monde. Et la meilleure façon de donner confiance à son adolescent est de lui permettre de faire ses propres expériences, à distance de la famille. Rester collé à son enfant, lui céder sur tout en pensant qu'il ira mieux ainsi est une erreur: cette attitude conforte le jeune dans l'idée qu'il ne pourra jamais se débrouiller. Prenez l'école. Les parents croient bien faire en aidant l'adolescent à rédiger ses devoirs. Le risque, c'est que ce dernier attribue ses bonnes notes aux adultes, et non pas à lui-même. En cas d'échec scolaire, le recours aux études surveillées et à l'internat me paraît une bien meilleure solution. Les séparations provisoires, pendant les vacances ou à l'occasion d'un séjour à l'étranger, sont aussi très bénéfiques.
Mais, pour des parents inquiets, accepter l'éloignement n'est pas facile!
Vivre, c'est prendre des risques. De toute façon, lorsqu'un adolescent dérape, son entourage s'en aperçoit vite: il se replie sur lui-même, sabote ses potentialités, ne peut prendre du plaisir qu'en se mettant en danger? C'est la grande tentation humaine du nihilisme, qui nous habite tous, mais plus particulièrement à cet âge. «A défaut d'être grand dans la réussite, je peux toujours être grand dans l'échec.»
Dans le même ordre d'idée, que pensez-vous des défis imbéciles et masochistes que se lancent de plus en plus d'ados, sur le modèle de l'émission américaine Jackass: dévaler une pente à bord d'un Caddie, s'agrafer les testicules?
C'est la même logique. Quand on joue à se faire mal, on gagne à tous les coups! Et, comme il n'y a plus de limites, les adultes laissent les adolescents aller aussi loin qu'ils veulent. C'est une forme d'abandon, et même de maltraitance. On ne laisse pas ceux qu'on aime s'abîmer ou être humiliés.
Comment faire comprendre cela à un ado révolté?
Il ne faut justement pas essayer de le lui faire comprendre - l'adolescent ne supporte pas que les adultes aient l'air de mieux savoir que lui ce qui lui arrive - mais lui donner envie de sortir de l'impasse. Voilà pourquoi il est si important que les parents aient, eux aussi, une vision positive de l'avenir. Ils doivent comprendre que l'hostilité de leur adolescent reflète un attachement profond dont il croit se délivrer par ce qui est vraiment inacceptable pour les parents: qu'il se fasse du mal.
Et si même la solution de la séparation ne suffit pas?
Il faut se tourner vers un tiers: quelqu'un de la famille, un ami, ou un thérapeute si le problème persiste. Lorsqu'un adolescent refuse d'aller consulter, il faut savoir qu'il teste la volonté réelle de ses parents de régler le problème hors du cercle familial. Souvent, les adultes envoient un message implicite: «Tu ne vas pas nous trahir, nous allons régler les choses en famille.» Ils demandent à leur enfant de les conforter dans l'idée qu'ils sont de bons parents. Les adolescents ne sont pas là pour remonter le moral des adultes!
Depuis quelques années, on parle beaucoup des «préados». Cette catégorie existe-elle vraiment?
C'est une invention des marques et des médias, qui peut se révéler très dangereuse: les petites filles ont le temps de jouer aux lolitas! Respectons leur enfance. La télévision a une grande responsabilité. Par l'écran, le monde des adultes fait brutalement effraction dans celui de l'enfant. Ce peut être un traumatisme, et, donc, une forme d'abus. L'interdit, même s'il est transgressé, a une fonction de protection. L'intrusion du côté sordide, de la dérision, de l'excès d'excitation du monde des adultes dans l'univers des enfants est une forme de viol. Elle menace les capacités de tendresse et de confiance. Tout comme l'exhibition des adolescents souffrants. Après chaque fait divers un peu spectaculaire mettant en scène un adolescent, les médias nous appellent en nous demandant de leur trouver un jeune qui va mal. Nos patients sont souvent ravis de se montrer. «J'existe, parce qu'on me voit», pensent-ils. Mais c'est un piège: certaines anorexiques se sont suicidées après avoir été placées sous le feu des projecteurs. Notre rôle de thérapeutes consiste à protéger leur intimité.
Que se passe-t-il dans la tête des adolescents qui s'étourdissent d'alcool, de vitesse et de cannabis?
Ils tentent de maîtriser leur peur intérieure, parfois de se prouver qu'ils sont plus forts que le destin. Dans tous les cas, ils ont l'illusion d'être leur propre maître, alors que, comme le taureau dans l'arène, ils sont prisonniers des émotions suscitées par l'environnement.
8,7% des jeunes âgés de 10 à 19 ans ont déjà pris un psychotrope sur ordonnance, d'après la Caisse nationale d'assurance-maladie. Les adolescents sont-ils surmédicalisés?
La tendance existe, et il est à craindre qu'elle ne fasse que s'accentuer. Les médecins généralistes n'ont ni le temps ni la formation pour répondre aux angoisses des adolescents et de leurs parents. Le médicament demeure la solution la plus facile et la plus rapide. En outre, les praticiens ont trop tendance à prescrire des tranquillisants, qui favorisent une certaine dépendance, plutôt que des antidépresseurs et des régulateurs de l'humeur, ou même des neuroleptiques. Les adolescents acceptent plus facilement les tranquillisants que les autres psychotropes, qui leur font peur. Je vois des jeunes «accros» au haschisch refuser un psychotrope sous prétexte du risque de dépendance!
Les groupes préparatoires à la Conférence sur la famille ont fait une série de propositions en vue d'améliorer l'accompagnement de l'adolescence. A votre sens, lesquelles faudrait-il retenir?
L'examen de prévention effectué aux âges charnières - 12 ans et 14-15 ans - par un médecin et consigné sur le carnet de santé me semble une très bonne idée. Sans dramatiser, il faut mettre en place des clignotants et un suivi de l'enfant afin d'éviter son enfermement dans l'échec. L'école est bien placée pour détecter les enfants qui se marginalisent. Les professionnels, notamment les enseignants, doivent aussi être mieux informés sur la spécificité de l'adolescence. Le but n'est pas de provoquer une confrontation brutale - «Je t'oblige à faire ceci» - mais de marquer un arrêt pour dire: «Là, ça ne va pas, nous allons trouver des solutions.» Seulement, pour avoir l'autorité nécessaire, il faut en comprendre le sens.
Que pensez-vous des maisons de l'adolescence que le gouvernement souhaite développer?
Les secteurs hospitaliers de pédopsychiatrie font déjà beaucoup, mais, comme ils ne pratiquent pas le lobbying, on n'en parle pas! Ouvrir des maisons spécialisées est une chance. Cependant, il faut du personnel qualifié pour les faire fonctionner et pouvoir répondre à la demande en assurant le suivi indispensable. La relation avec les parents est souvent trop chargée d'attente et d'émotion. Il faut introduire des liens: éducateurs, soignants, mais aussi des lieux relais où s'associent les études, l'éducatif et le soin. Il paraît de plus en plus indispensable de développer la collaboration entre les différents professionnels de l'adolescence. C'est dans ce dessein que j'ai mis en route depuis deux ans une formation universitaire consacrée à l'adolescence difficile à Paris VI. Ce module s'adresse aux professionnels de l'Education nationale, de la santé, de la justice, de la police et de la gendarmerie.
Quand cesse-t-on d'être un ado?
Naguère, l'entrée dans la vie professionnelle et le mariage marquaient le passage à l'âge adulte. C'était au fond devenir raisonnable et renoncer à rêver sa vie. Aujourd'hui, les jeunes générations ne reproduisent plus le mode de vie de leurs parents. La relativisation des valeurs et des normes sociales libère l'individu, mais, ce faisant, met davantage en évidence sa vulnérabilité. J'y vois la raison principale de l'accroissement des troubles dits «narcissiques». Le risque de cette liberté est de confronter chacun à ses contradictions et à ce qu'on a appelé la «tyrannie du choix». Sous l'apparente anarchie des comportements, c'est la contrainte qui peut imposer sa loi: contrainte des ruptures successives et des passages à l'acte; contrainte du moi pris entre l'angoisse d'abandon et celle de l'intrusion; contrainte d'un nouveau conformisme social aussi: aujourd'hui, faire partie de la communauté des adultes consiste à se lancer dans la course folle aux apparences, à exister dans la recherche d'une excitation constante au détriment du contenu de ce après quoi on court. Etre adulte n'est pas un état statique, mais un mode de fonctionnement psychique qui permet de faire face à la réalité, tout en étant capable d'accueillir ce qui demeure en nous de l'enfant qu'on a été. Sans se sentir menacé ni débordé.
Rédigé à 18:43 dans pour les ados, Pour les parents | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Le pensionnat ne peut être, en lui-même, LA solution aux difficultés d’un adolescent. Mais il s’agit indéniablement d’un moyen et d’un outil qui peuvent lui permettre de se dégager de l’impasse dans laquelle lui et ou sa famille est en train de se fourvoyer.
L’intérêt du pensionnat est qu’il offre à l’adolescent la triple possibilité d’être à distance de ses parents, dont il est trop dépendant pour bien les supporter, sans pour autant se retrouver seul , ce qu’il n’est pas prêt encore à assumer, et être enfin encadré, limité et stimulé par des camarades et des adultes neutres affectivement.
En outre, il permet à l’adolescent de sortir de ce paradoxe de l’attachement qui fait que plus il est en insécurité, plus il a besoin d’être rassuré par la présence de ses parents, et plus il est contraint d’échapper à ce qu’il vit comme une emprise de cet entourage en interposant entre lui et sa famille, l’insatisfaction, les plaintes et son propre sabotage de ses potentialités.
Le pensionnat n’est donc ni une punition de l’adolescent, ni la manifestation d’une quelconque défiance à l’égard des parents. Il permet juste au jeune de vivre en dehors du regard parental et de ne pas se sentir soumis à leur désir.
Préconisé relativement tôt, avant 16 ans, il permet de limiter le cercle vicieux de l’échec: l’adolescent cherche à échapper à l’influence parentale, du fait même du besoin qu’il en a, en ne faisant rien sur le plan scolaire notamment de ce qu’on attend de lui ; l’échec s’installe. Cet l’échec le déprime en même temps que ses parents, il se déçoit, se dévalorise, se démotive. C’est le cercle vicieux. Il perçoit qu’il a besoin d’aide, mais ne supporte pas celle de ses parents, alors il va chercher un appui auprès de ses copains dans une ambiance frondeuse et régressive qui assouvit son besoin enfantin; souvent la prise de stupéfiants ou d’alcool aide à fuir la réalité. C’est le cercle infernal qu’il faut à tout prix éviter avant que les effets soient graves du point de vue de la santé et de la scolarité.
Cependant la pension ne doit pas s’apparenter à une solution pour rompre définitivement avec la famille. Au contraire, en se voyant moins parents et jeunes sortent de leurs exaspérations réciproques, et peuvent profiter les uns des autres quand ils se retrouvent.
Par ailleurs les contraintes du pensionnat donnent, à beaucoup d’adolescents le sentiment de la liberté intérieure retrouvée. Ils n’ont plus à supporter ni à s’opposer aux contraintes de la vie familiale qui les incitaient à se réfugier dans leurs chambres et à dépenser toute leur énergie en opposition.
Le seul fait d’évoquer parfois cette séparation suffit parfois à apaiser les conflits.
Les parents sont parfois les plus difficiles à convaincre. Ils redoutent de se couper de leur enfant nourrissent une vraie culpabilité, redoutent que le départ du jeune ne les confronte à leurs difficultés de couple, ce qu’ils appréhendent. Il n’est pas rare aussi, qu’ils se sentent coupables du soulagement que leur procure cette séparation temporaire. Enfin ils peuvent avoir des réminiscences d’un séjour qu’eux-mêmes auraient vécu comme pénible.
Mais le pensionnat a changé depuis leur génération, ils oublient souvent qu’il vaut mieux un mauvais souvenir ponctuel et quelques reproches à faire à ses parents que de s’ancrer dans l’échec avec comme seule finalité la dévalorisation de soi.
(Jeammet)
Rédigé à 11:36 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Le refus de travailler d'un adolescent est le signe évident d'un mal-être mais il y a des raisons à ce mal -être et même des solutions.
L'éventail des raisons pour les quelles un jeunes refuse obstinément de mobiliser son cerveau et son énergie prend sa source dans deux causes profondes, l'adolescence et la puberté bien sûr, d'une part, avec ce double mouvement paradoxal: désir de séparation d'avec les parents ainsi et désir infantile de rapprochement, être régardé et sujet d'attention. Or quoi de plus simple pour obtenir un rapproché maternel que de se mettre en situation d'échec scolaire. c'est bien sûr inconscient mais assuré!
D'autre part les liens qui unissent les membres d'une même famille sont chargés de messages inconscients qui se glissent subrepticement dans les psychismes des uns et des autres. Ces liens mystérieux qui se dévoilent lors des thérapies familiales, libèrent, une fois mis à jour, le jeune qui portait le symptôme.. de toute la famille. (on nomme souvent ces liens de liens anxieux ou d'opposition)
Bien sûr à coté l'intervenant réapprend au jeune à fabriquer des images mentales et à re-verbaliser sa pensée; c'est la partie pédagogique en complément de la question -.Je constate une vraie carence dans le fonctionnement de la pensée des jeunes en difficultés, une sorte de congélation de la pensée, liée souvent aux difficultés psycho-affective, le cerveau est encombré par ce que le jeune doit traverser.
Il ne faut pas qu'il soit trop tard dans le calendrier scolaire, quand ce genre de trouble semble apparaître; pour une intervention extérieure, le plus tôt est le mieux ( dans les années-collège) Au lycée c'est souvent trop tard, la scolarité peut être compromise.
Rédigé à 11:00 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Les adolescents exercent dans la famille une première fonction essentielle, celle de faire "repartir" le temps. A l'étape précédente, les parents, tout occupés à bâtir la famille et à s'occuper de leurs jeunes enfants, étaient tendus vers un avenir.. qui n'avait pas de fin.
On peut en effet penser que les adolescents accélèrent le temps, lorsqu'ils signifient aux parents que leur modèle est périmé, qu'ils sont "vieux" et qu'étant donné l'état dans lequel ils ont mis la planète, il est temps qu'ils laissent la place aux jeunes.....Ils font clairement savoir que leur temps est venu!
De cette manière ils revendiquent une place d'adultes responsables, en précipitant le départ de la génération en place, et en laissant éclater leur désir de prendre sa place.
On peut aussi penser qu'ils ralentissent le temps. Lorsqu'ils demandent à se faire "chouchouter", adoptent des comportements de bébé ou se mettent en danger en faisant des bêtises, ils signifient à leurs parents qu'ils n'ont pas à craindre leur départ parce qu'ils ont encore besoin d'eux et de leur protection.
Ce double mouvement, accélération et ralentissement du temps, sous-tend les comportements adolescents et explique leur aspect souvent contradictoire, d'autant qu'ils sont vécus en toute inconscience mais non sans angoisse.
les parents ne doivent pas s'y tromper: l'adolescent le plus rebelle a encore beaucoup besoin de leur amour et de leur attention.
*Françoise Rougeul
Rédigé à 21:43 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
C'est l'une des grandes inquiétudes des parents d'aujourd'hui. Plus d'un adolescent sur deux, à un moment donné, a fumé du cannabis. Et mieux vaut qu'il le fasse le plus tard possible!.
Toutefois fumer occasionnellement du cannabis n'est pas un drame et il ne faut pas le transformer en tragédie. Certes le cannabis a des effets euphorisants proches de ceux de l'alcool, mais s'il diminue comme ce dernier, les capacités de concentration et les réflexes, il ne provoque pas comme l'alcool des réactions impulsives et agressives. En réalité tout dépend de la quantité de cannabis qui a été consommée et de la fréquence de cette consommation. Il faut savoir que le dosage en produit actif peut varier de 1 à 10 selon les variétés et les mélanges opérés; la consommation aussi varie, certains jeunes, très adictés commencent à consommer dès le matin!
Le danger est bien sûr que la consommation devienne régulière et augmente. Aux effets euphorisants du cannabis s'ajoutent alors une coupure progressive de la réalité, des difficultés de concentration et d'apprentissage et une perte réelle de la motivation. L'adolescent s'éloigne de ses centres d'intérets habituels, se désocialise, manifeste une indifférence inquiétante qu'il justifie de façon plus ou moins cohérente. Chez les jeunes vulnérables , des troubles psychiques peuvent apparaître, retrait affectif, confusion de la pensée, idées délirantes. Une évolution vers la psychose ne doit pas être négligée.
Il faut savoir que la sensibilité au cannabis varie d'une personne à l'autre pour des raisons biologiques et contextuelles.
la vulnérabilité de l'adolescent facilitera sa dépendance au produit et pourra faire d'une prise occasionnelle, une expérience initiatique, révélatrice d'un autre mode de vie possible.
Mieux vaut donc prévenir que guérir. Et la meilleure des préventions reste la confiance que l'adolescent place dans son entourage et la qualité du sentiment de sécurité qui l'entoure. Les adultes doivent faire confiance dans les capacités du jeune à faire face, mais cette confiance n'exclue pas la vraie vigilance et il ne faut pas hésiter à solliciter une aide extérieure.
Il n'est pas utile pour autant de traquer les signes physiques (yeux rouges, pupille dilatée, odeurs) il est préférable de maintenir un contact de qualité et favoriser les échanges.
Il serait vain de chercher à obtenir un sevrage total et immédiat, mieux vaut aider à restaurer un mode de vie avec des repères.
Il ne faut en aucun cas, laisser s'installer une consommation régulière et importante.
(Philippe Jeammet)
Rédigé à 17:50 dans pour les ados, Pour les parents, Questions - réponses sur l'adolescence | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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